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Préparation des Fils de Chaîne

Les fils longitudinaux qui servent en quelque sorte de squelette à mon tissage, sont appelés « fils de chaîne ».

**Une fois que j’ai défini la longueur que doit avoir chaque fil de chaîne et le nombre de fils qui seront nécessaires pour obtenir la largeur souhaitée**, je peux procéder à l’ « ourdissage ».

** Se référer au : « Calcul de matière »

Ourdissage

L’ourdissage est l’étape qui permet d’avoir le bon nombre de fils, tous de la même longueur et soumis à une tension égale.

Trois différentes méthodes sont décrites ci-dessous :
1. L’ourdissage fil à fil
2. L’ourdissage par portées
3. Le montage direct

Ourdissage fil à fil

Pour ourdir ma chaîne j’utilise un « ourdissoir ». Il peut s’agir d’un cadre ou d’une structure qui pivote sur un axe.
Le cadre à ourdir convient à des chaînes ne dépassant pas les 9-10 mètres. Il est muni de chevilles qui peuvent être déplacées et adaptées à la longueur souhaitée.
L’ourdissoir rotatif permet de préparer des chaînes beaucoup plus longues. C’est le nombre de tours que je vais effectuer qui régulera la longueur. Les points de départ et d’arrivée sont équipés de fiches qui me permettent d’effectuer des « encroix ».

Cadre à ourdir et ourdissoir rotatif ¦ Echeveau, bobine conique ou plate, pelote

Je choisi un fil de couleur différenciée qui me servira de fil témoin. Je fais une boucle à sa première extrémité, mesure la longueur désirée plus une longueur supplémentaire me permettant d’effectuer une deuxième boucle. Ce fil va me permettre de définir le chemin idéal sur l’ourdissoir, pour reproduire cette longueur.

Pour que mes pelotes se dévident régulièrement et ne se prennent pas dans les meubles, je les place dans des paniers ou des pots à hauts bords. Si j’utilise des bobines, l’usage d’un « cantre » me facilitera la tâche et si je travaille à partir d’écheveaux, je les placerai dans un « dévidoir ». Les bobines coniques peuvent être posées directement sur le sol étant donné qu’elle se dévident de bas en haut.

Comme pour le fil témoin, j’effectue une boucle au début du fil de chaîne que je passe dans la cheville de départ. Je prévois cette boucle suffisamment grande pour pouvoir y passer la main. Mon fil effectuera ensuite un certain nombre de virages autour des chevilles ou de tours d’oudissoir. Au terme de son parcours, il formera un « encroix » autour de 2 chevilles. Il contournera enfin la cheville d’arrivée avant de repartir en sens inverse. Ma chaîne est donc constituée d’un très long fil continu qui fait des allers-retours autant de fois que nécessaire pour obtenir le nombre de fils voulu. Un aller-retour correspond à une double longueur de fil.

Lorsque j’arrive au bout d’une pelote, je bloque ma chaîne à l’aide d’une pince à linge et je m’arrête soit au niveau de la première ou de la dernière cheville. Je noue cette fin de fil avec le début de la pelote suivante. Il faut absolument éviter de faire des nœuds en milieu du parcours ce qui fragilise la chaîne et gêne le passage des fils à travers les lisses et les dents du peigne.

Pour compter les fils ponctuellement, je bloque à nouveau ma chaîne avec une pince à linge et je forme des groupes (par exemple tous les 20 fils), que je noue avec un fil de couleur différenciée.

Lors de l’ourdissage, les fils doivent s’aligner les uns à côté des autres mais pas se chevaucher afin d’éviter des différences de longueur. Lorsque j’ourdis le dernier fil, je fais à nouveau une boucle autour de la cheville de départ. Si le nombre de fils à ourdir est trop important, j’ourdirai séparément plusieurs chaînes en suivant exactement le même parcours, tracé par le fil témoin.

Nouage de la chaîne : Il est essentiel de sécuriser la chaîne avant de la retirer de l’ourdissoir. Je vais donc préparer plusieurs longueurs de fils bien solides et nouer ma chaîne à environ un mètre d’intervalle, sur toute sa longueur. L’encroix sera noué 4 fois, de part et d’autre de chaque boucle pour bien les séparer. J’effectuerai encore un lien bien solide sur la boucle de départ.

Nouage et chaînage de la chaîne

Chaînage : Je peux maintenant libérer ma chaîne progressivement. Je retire la boucle de départ de sa cheville, j’y glisse la main puis, tout en maintenant la chaîne bien tendue, j’attrape l’ensemble du faisceau de fils que je passe dans la boucle. Je répète cette action jusqu’à ce que tout l’écheveau soit chaîné. Je m’arrête cependant à une dizaine de centimètres avant l’encroix.

Passage des baguettes d’encroix : Je vais maintenant passer les baguettes entre les boucles de l’encroix et nouer les baguettes à leurs extrémités mais sans trop les serrer. Je dois pouvoir passer un doigt entre les deux baguettes pour que les fils entrecroisés puissent glisser aisément.

Ourdissage par portées

Si j’utilise un fil fin et souhaite réaliser une certaine largeur de tissu, je vais me retrouver assez rapidement avec un très grand nombre de fils. Dans ce cas, l’ourdissage fil à fil s’avérerait extrêmement long et fastidieux et je vais plutôt opter pour une méthode qui va me permettre d’ourdir des groupes de plusieurs fils à la fois.

Le nombre de fils constituant chaque portée est défini par le nombre de fil dont j’ai besoin au centimètre. (Se référer au : « Calcul de matière »). Par exemple si j’ai calculé 16 fils au cm, je vais travailler avec 16 bobines. Chaque bobine devra contenir la quantité de fil nécessaire. Pour ce faire je peux utiliser un compteur métrique ou une balance.
Par exemple, la longueur totale de ma chaîne est de 2’000 mètres répartis sur 16 bobines, chacune devra contenir 125 mètres plus un peu de marge. Je peux également me baser sur le poids total de ma chaîne, par exemple 1’000 grammes répartis sur 16 bobines. Je pèse le poids de ma bobine à vide et la remplis jusqu’à obtenir environ 63 grammes de fil.

Je place mes bobines de part et d’autre de mon cantre de façon que celles de gauche se dévident dans un sens et celles de droite en sens inverse. Ceci favorisera un dévidage régulier. Si mon cantre est suffisamment grand pour bien espacer les fils, je devrais pouvoir me passer de tout autre accessoire autrement, j’utiliserai une raquette dans laquelle je passerai un fil dans chaque trou. L’ordre d’enfilage de ma raquette respectera l’ordre dans lequel les bobines ont été placées sur le cantre.

J’arrange les chevilles de mon ourdissoir afin de créer deux encroix : un encroix fil à fil au début et un autre encroix par portée à la fin du parcours de ma chaîne. Afin d’être plus confortable, je place l’encroix fil à fil en haut de mon ourdissoir, avec 3 chevilles et l’encroix par portée en bas, avec 2 chevilles.

Je réunis les bouts de tous mes fils et je fais un nœud. Je sépare la mèche nouée en deux et la fixe sur la cheville n°1 du départ.

Pour créer l’encroix fil à fil, je bloque tous les fils d’une main afin de les maintenir sous tension. Avec l’autre main, je vais effectuer un mouvement de rotation en attrapant alternativement un fil avec le pouce et un fil avec l’index.

Pour décomposer ce mouvement :

  1. Mon pouce passe au-dessus du premier fil et le tire légèrement vers le bas.
  2. Avec l’index, j’attrape le deuxième fil, toujours par le haut.
  3. Je joins les bouts de mon index et de mon pouce afin de bloquer les fils.
  4. J’exerce une torsion de la main ce qui va me permettre d’attraper le troisième fil avec mon pouce.

Je procède ainsi de haut en bas avec les bobines de droite puis je poursuis de bas en haut avec celles de gauche.

Quand j’ai pris tous les fils, je referme les doigts pour qu’ils ne s’échappent pas et je coulisse l’encroix entre les chevilles n°2 et 3.

Au bas de l’ourdissoir, j’effectue un encroix par portées avec tous les fils ensemble.

Bloquer les fils de la main gauche ¦ Créer manuellement l’encroix fil à fil
Encroix par portées au bas de l’ourdissoir ¦ Parcours de la chaîne sur l’ourdissoir

De retour à mon encroix fil à fil, je sépare à nouveau ma mèche entre pouce et index, coulisse l’encroix entre les chevilles 3 et 2 puis je contourne la cheville de départ avec tous les fils ensemble. Je tourne ensuite la main pour remettre le prochain encroix dans le bon sens. Entre les chevilles n°1 et 2, il se forme un faux encroix. Ceci est normal et ne posera pas de problème par la suite.

Je procède ainsi jusqu’à obtenir le nombre de fils voulus puis je noue ma chaîne au niveau de l’encroix fil à fil et tous les mètres, comme d’habitude. Dans les boucles de l’encroix par portées, je passe 2 grosses cordes de la largeur de ma chaîne.

Contrairement au processus ordinaire, je commence à chaîner depuis l’encroix fil à fil. L’encroix par portées sera fixé à l’arrière du métier. Je réparti les portées entre les crochets du râteau et commence à enrouler ma chaîne.

Lorsque ma chaîne a été presque entièrement enroulée, je retire les 2 cordes de l’encroix par portées et glisse deux barres d’encroix dans les boucles de l’encroix fil à fil. Je coupe les boucles et je suis maintenant en mesure de procéder à l’enfilage dans les lisses.

L’ourdissage par portée est également particulièrement approprié lorsqu’on ourdi une chaîne polychrome répétant toujours le même ordre de couleurs. Dans ce cas, je fixe une cheville supplémentaire au niveau du départ afin de rétablir l’ordre des couleurs.

Ordonnance des bobines sur le cantre ¦ Enfilage dans la raquette et nœud de départ

Cette vidéo : « Multi-strand warping » bien qu’en anglais donne une bonne idée des mouvements à effectuer.

Une autre alternative est d’utiliser un peigne envergeur pour créer l’encroix fil à fil ce qui peut s’avérer plus rapide dès qu’on atteint une certaine dextérité.

Transfert de la chaîne sur le métier

Le processus s’applique au deux méthodes d’ourdissage fil à fil ou par portée.

Du côté de l’encroix, je glisse la barre de l’ensouple arrière dans la boucle formant le fond du huit.

J’attache les barres d’encroix aux montants latéraux de mon métier afin de les maintenir suspendues. Je peux maintenant retirer les attaches de l’encroix et répartir grossièrement les boucles de la chaîne entre les sections de cordes qui tiennent la barre arrière.

Je passe le reste de la chaîne vers l’avant du métier et la fait passer au-dessus du montant le plus élevé puis je la laisse retomber sur le sol.

Répartition de la chaîne sur le râteau

Pour répartir ma chaîne, je vais utiliser un accessoire qu’on appelle un « râteau ». Il s’agit d’une lambourde de bois munie de séparations, à intervalles réguliers et d’un système empêchant les fils de ressortir de leur section.

Je fixe le râteau sur la poitrinière arrière, enroule un peu l’ensouple arrière et fais remonter les barres d’encroix.

J’ai préalablement calculé le nombre de fils de chaîne dont j’ai besoin par centimètre. Selon le nombre de centimètres entre chaque espacement de mon râteau, je vais introduire un certain nombre de fils dans chaque séparation.

Par exemple, il me faut 8 fils de chaîne par centimètre et les espacements de mon râteau font 2 cm. Je vais donc mettre 16 fils entre chaque séparation. Comme la largeur de ma chaîne est de 110 cm, je devrai remplir 55 sections, soit 27 d’un côté et 28 de l’autre.

Par exemple, il me faut 8 fils de chaîne par centimètre et les espacements de mon râteau font 2 cm. Je vais donc mettre 16 fils entre chaque séparation. Comme la largeur de ma chaîne est de 110 cm, je devrai remplir 55 sections, soit 27 d’un côté et 28 de l’autre.

** Se référer au : « Calcul de matière »

Enroulage de la chaîne

Au fur et à mesure que j’enroule les fils autour de l’ensouple arrière, je dénoue les attaches et je fais remonter les barres d’encroix. Parfois les fils ne glissent pas aisément entre les barres d’encroix. Je vais alors délicatement les écarter à la main par petits groupes.

Enroulage de la chaîne à 2 ¦ l’avant de la chaîne passe sur le montant le plus élevé ¦ râteau et ensouple arrière

L’idéal est de se faire aider par une autre personne qui se tient à l’avant du métier pour maintenir la chaîne sous tension et la lisser lorsque les fils se tordent. Autrement il faudra faire des allers-retours de l’arrière à l’avant du métier et enrouler la chaîne petit à petit après l’avoir réarrangée et vérifié la tension.

Si on laisse les fils s’empiler les uns sur les autres au fur et à mesure des tours d’ensouple, ils vont créer des creux et des bosses qui affecteront la tension.
Pour parer à cet inconvénient, j’enroulerai du papier kraft ou du papier bulle en même temps que j’enroule la chaîne ou je glisserai ponctuellement des baguettes plates.

A la fin de l’enroulage je laisse une longueur de fil libre pour effectuer le rentrage à travers les lisses et les dents du peigne.

Montage direct ou sectionnel

Le montage est appelé direct parce que les fils de chaîne s’enroulent directement depuis les bobines placées sur le cantre jusqu’à l’ensouple arrière, sans passer par un ourdissoir. Cette méthode est très pratique pour les longues chaînes. Elle assure une tension parfaitement égale et me facilite la tâche lorsque je ne dispose pas d’une autre personne pour m’aider.

Elle exige cependant un type de métier particulier, dont l’ensouple arrière est divisée en sections.
Un autre instrument appelé boîte d’encroix est nécessaire afin de régler la tension des fils et les canaliser entre chaque section. Un compte-tour est généralement incorporé à l’ensouple arrière afin d’enregistrer le nombre de tours.

Répartition et longueur de la chaîne : le nombre de fils au centimètre et le nombre de centimètres entre chaque section va déterminer le nombre de bobines que je vais devoir préparer.

La longueur de la chaîne et la circonférence de l’ensouple arrière détermineront le nombre de tours que je devrai effectuer pour obtenir la longueur voulue.

Par exemple:

Nombre de fils au cm14
Espaces entre les sectionsx2 cm
Nombre de fils par section=28
Longueur des fils de chaîne620 cm
Circonférence du tambour/100 cm
Nombre de tours=6,2
Largeur de la chaîne76 cm
Espaces entre les sections/2 cm
Nombre de sections à ourdir=38

Préparation des bobines : Je commence par préparer le nombre de bobines nécessaires pour remplir une section d’ensouple arrière. Dans l’exemple ci-dessus, il m’en faudra 28.

Pour savoir la quantité de fil à mettre sur chaque bobine, j’utilise un compte-mètre après avoir effectué le calcul suivant :
> Longueur totale de ma chaîne en mètres (p.ex. 6’598 m) / 28 bobines = 236 m par bobine

Si je ne dispose pas d’un compte-mètre je peux utiliser une balance de cuisine électronique. Je ferai alors le calcul suivant :
> Poids total de ma chaîne en g (p.ex. 440 g) / 28 bobines = 16 gr par bobine.

Je place mes bobines dans le cantre en veillant à ce qu’elles se déroulent de manière optimale selon le type de cantre dont on dispose.

Passage dans la boîte d’encroix : Je fixe la boîte d’encroix sur la poitrinière arrière. Pour faciliter le flux, j’effectue l’enfilage dans un ordre précis, par exemple de haut en bas et/ou de droite à gauche.
Les fils passeront à travers chacun des éléments suivants:

  1. Le peigne de rentrage
  2. Le frein
  3. Le peigne d’encroix dans lequel je passerai alternativement 1 fil dans une fente et 1 fil dans un œillet
  4. Le peigne guide-fils qui dirige les fils dans chaque section. Le ruban de fils doit être plus étroit que la largeur de la section.

Passage des fils du cantre à la boîte d’encroix

Détail de la boîte d’encroix

Passage du ruban du guide-fil à une section

Enroulage de la chaîne : La chaîne s’enroule mèche par mèche et section après section.

Avant de commencer à enrouler ma première mèche, je fixe la barre de l’ensouple arrière à chacune de ses extrémités. Je commence l’ourdissage par le côté gauche en me basant sur le nombre de sections à remplir.
(Par exemple 38 sections au total me donneront 19 sections depuis le centre jusqu’à l’extrémité de gauche.)

Je coulisse la boîte d’encroix exactement au-dessus de la dix-neuvième section. Je tire le premier ruban de 28 fils que j’attache à la barre avec un nœud plat.

Je mets le compte-tour à zéro ou à défaut je vais compter les tours à haute voix. Cela demande un peu de concentration et en cas de doute, il vaut mieux ajouter un tour car il est plus facile de couper des fils trop longs plutôt que de devoir faire des nœuds pour rattraper les longueurs manquantes.

Je règle la tension des fils au moyen du frein. (Le chanvre et le lin doivent avoir une tension plus forte).
Je commence à tourner lentement l’ensouple en veillant à ce que les fils passent bien à l’intérieur de la section et que les bobines se dévident régulièrement.

Pour créer l’encroix :

  • Je m’arrête un tour avant le dernier tour, juste après la barre de l’ensouple. D’après l’exemple ci-dessus, ça correspondra au 5ème tour.
  • Je prépare 2 cordes bien épaisses dont la longueur permet de couvrir celle de l’ensouple et je les attache à l’extrémité de gauche.
  • Je tire à présent le peigne d’encroix en avant afin de séparer les fils pairs et je passe la corde du bas dans cet espacement.
  • Je repousse le peigne d’encroix en arrière pour séparer les fils impairs et j’y passe la seconde corde.
  • J’attache provisoirement les cordes sur la gauche afin qu’elles ne me gênent pas et je remets le peigne d’encroix dans sa position médiane.
  • J’effectue le dernier tour d’ensouple. La barre se trouve maintenant face à moi.
  • Je coupe les fils de chaîne entre le peigne guide-fils et l’ensouple et je sécurise mon ruban de fils avec un faux nœud.
  • J’attache les brins de fils sur l’agrafe de gauche avec un faux nœud facile à défaire.
  • Maintenant que j’ai complété une section, je déplace la boîte d’encroix d’un cran vers la droite, juste au-dessus de la section suivante.
  • Je remets le compte-tour à zéro et recommence l’opération jusqu’à ce que tous les intervalles soient remplis.
  • A la fin de l’ourdissage j’attache les ficelles d’encroix à l’extrémité de droite


Séparation de l’encroix

Cordes d’encroix

Nœuds de la fin

Si une bobine arrive à la fin et doit être remplacée, je vais nouer la fin de l’ancien fil avec le début du nouveau pour lui faire suive exactement le même chemin puis je vais le tirer pour l’amener à la même hauteur que les autres.

Pour introduire les baguettes d’encroix : Je commence par défaire les nœuds qui retiennent mes mèches aux sections de l’ensouple. Je refais nœud au bout de chaque mèche facile à défaire. Je passe tous les bouts par-dessus la poitrinière et passe, entre chaque mèche une barre métallique assez lourde. Cette opération a pour but d’alourdir la chaîne afin de faciliter le passage des baguettes d’encroix.

Alourdir la chaîne avec une barre de fer

Je glisse très consciencieusement les baguettes d’encroix le long des ficelles. Après avoir vérifié que l’encroix a été transféré sans défaut, je noue les baguettes d’encroix à leurs extrémités et retire les cordes.

Je suspends les barres d’encroix aux montants du métier et je les fais glisser jusqu’aux cadres. Je déroule légèrement la chaîne si nécessaire.

Je peux maintenant retirer la barre qui m’a servi de poids et commencer le rentrage en lisses.

Enfilage dans les lisses

Je dois disposer d’une longueur suffisante de fil pour pouvoir atteindre la barre avant du métier et y faire des nœuds. Si la chaîne a été préparée avec un ourdissoir, il faudra couper les boucles du début.

A l’aide d’une passette, je vais rentrer les fils dans les lisses des différents cadres selon le schéma de l’armure choisie. Je commence par le milieu en allant vers la gauche puis, du milieu vers la droite. Pour la deuxième partie il me faudra inverser l’enfilage. Par exemple, 1, 2, 3, 4 deviendra 4, 3, 2, 1.

Après avoir rentré un certain nombre de fils, je fais régulièrement des faux nœuds éviter qu’ils ne ressortent des lisses.

Choix du peigne et empeignage

Si je dispose de plusieurs types de peignes, le calcul du nombre de fils par cm me permettra de choisir le peigne le plus adéquat et le nombre de fils à passer entre chaque dent. La référence gravée sur le peigne indique le nombre d’intervalles répartis sur 1 cm.

Par exemple, je dispose de 4 peignes n° 4,5 ¦ 4 ¦ 3 ¦ 2,5.
Pour 9 fils / cm, je choisirai le peigne n° 3 et mettrai 3 fils par dents
Pour 18 fils / cm je pourrai également choisir le peigne n° 3 et mettre 6 fils par dents, mais l’option du peigne n° 4,5 avec 4 fils par dent sera la meilleure car elle réduira le nombre de fils par dent.

Si je ne tombe pas sur un chiffre rond, je vais ajuster le nombre de fils par dent au plus près mais j’éviterai d’avoir une répartition de fils différente d’une dent à l’autre car cela produirait des irrégularités dans mon tissu.

Lorsque je passe les fils dans le peigne, j’en profite pour vérifier mon enfilage dans les lisses. Ici aussi, je vais commencer par le milieu du peigne et effectuer l’enfilage de droite à gauche puis, de gauche à droite. Je vais refaire des petits paquets de fils et les sécuriser avec un faux nœud coulant. Ici et là je vais aussi contrôler que je n’ai pas rater une dent.

Enfilage dans les lisses et les dents du peigne ¦ Faux nœuds de sécurité

Nouage de la chaîne sur l’ensouple avant

Je m’assure tout d’abord que l’ensouple arrière est bien bloquée.
Je fais passer la barre de l’ensouple avant par-dessus la poitrinière et je la tire un peu de manière à disposer d’un espace confortable pour faire les nœuds.
Je prends une mèche et la sépare en deux. Je passe les moitiés sur puis sous la barre et je ressors une moitié à gauche, l’autre à droite. Je tends les fils mais sans y mettre trop de force et je fais un nœud simple. Les paquets de fils ne doivent pas être trop gros (entre 8 et 12 fils maximum selon la grosseur du fil) autrement les écarts entre les paquets seront trop importants et prendront du temps à être comblés.

Pour exécuter les nœuds, Je choisi des mèches au hasard et non pas à la suite l’une de l’autre. De cette manière la tension sur la barre sera mieux répartie.

Une fois que tous les fils ont été noués une première fois, je réajuste la tension de chaque mèche et j’effectue un deuxième nœud.

Nouage des mèches de chaîne sur la barre avant ¦ Démarrage du tissage avec quelques rangs de toile

Attaches des pédales

Pour attacher les pédales sur un métier à contremarche, se référer au document : « Quel métier choisir > Contremarche > Les attaches ».

Démarrage du tissage

Généralement, 2 pédales sont dédiées pour tisser de la toile. Je presse sur la première de ces pédales et je me penche sur le côté pour observer l’intérieur de la foule et m’assurer que tous les fils se soulèvent correctement. Si ça n’est pas le cas, je corrige l’enfilage en lisse. Une fois que tout est bon, j’appuie sur la deuxième pédale de toile et je vérifie à nouveau ma foule.

Parfois un fil a été enfilé dans la bonne lisse mais avant d’être rentré dans le peigne il a contourné une lisse voisine ce qui va créer un croisement problématique. Une autre erreur qui peut être commise est que le fil suivant est entré dans la dent du fil précédent et vice versa. Cela va aussi perturber la foule.

Je vais maintenant tisser une bande de 2 à 4 cm en « toile » avant d’entreprendre le marchage propre à l’armure choisie. Il se peut qu’à ce stade, je constate d’autres erreurs d’enfilage que je corrigerai avant de poursuivre. Il faut être conscient qu’une erreur d’enfilage va se répercuter sur toute la longueur de la chaîne, il est donc essentiel de la corriger avant de poursuivre le tissage.

Si je constate que mon tissage n’est pas parfaitement doit et qu’il remonte à certains endroits, il est encore temps pour moi d’ajuster la tension des fils.

Finitions

Pour finir joliment les bords supérieurs et inférieurs du tissage on peut choisir entre deux options :

Option 1 : dissimuler les franges

  • Nouer plusieurs fils de chaîne ensemble, raccourcir les franges et replier le tissu pour cacher ces nœuds dans un ourlet.
  • Faire un surjet à la machine à coudre, couper les franges puis faire un ourlet.

Option 2 : laisser les franges apparentes

LE NŒUD DE CRAVATE. Ce nœud convient bien car il est solide et maintient les 2 brins parallèles.

1. Durant tout le processus, seul le brin de gauche bouge. Il passe sous le brin de droite

2. Il dessine une boucle en passant sur le brin de droite puis sur lui-même

3. Il forme une deuxième boucle en passant sous lui-même puis à l’intérieur de la boucle. On resserre le nœud en tirant sur les 2 brins

POINTS D’ARRÊT À L’AIGUILLE. Les points d’arrêt s’effectuent après avoir tissé quelques rangs de toile. Lors du premier passage de navette, je laisse pendre une certaine longueur de fil puis je défini le nombre de fils de chaîne qui seront pris dans chaque points (p.ex. 4 fils).


1. J’insère mon aiguille à l’entrée d’un groupe, la passe sous les fils, la plante par l’arrière dans le tissu 2 ou 3 duites plus haut et la fais ressortir.


2. Je vais à présent entourer mon groupe de fils en revenant en marche arrière par-dessus puis par-dessous les 4 fils qui le composent.


3. Je ressors l’aiguille en la faisant passer à travers la boucle ainsi formée et tire délicatement pour resserrer le nœud.

FRANGES TORSADÉES. Que je choisisse le nœud de cravate ou le point d’arrêt à l’aiguille pour sécuriser les extrémités de mon tissu, je peux également vouloir embellir mes franges en les torsadant.


1. Séparer deux brins de plusieurs fils et torsader le premier brin (p.ex. de gauche à droite).


2. Faire de nombreuses torsions jusqu’à ce que le fil se recroqueville comme une queue de cochon. Sécuriser le bout avec une pince et torsader le deuxième brin dans le même sens.


3. Joindre les deux bouts et faire un nœud.


4. Relâcher le tout pour que les deux brins s’entortillent.


Ce document est un extrait de mes notes prisent au cours de ma formation de 3 ans avec Danièle Mussard.
Auteur : Sophie Namiech
Dernière mise à jour : 24 octobre 2024